Que ce soit dans l’espace de la bande dessinée, de l’édition pour la jeunesse ou de l’art contemporain, Jochen Gerner construit une œuvre d’une grande cohérence où la diversité des formes et des couleurs, le désir d’accumulation et le plaisir de la variation sérielle se déploient sous nos yeux.
La ligne et le point, ce vocabulaire graphique du « presque rien » que Jochen Gerner utilise de manière foisonnante, donne à voir à la fois le détail et l’ensemble, l’unité et la totalité, l’oiseau et la volière. Recouvrant différents supports (cartes, catalogues) de trames ou d’aplats, l’artiste présente une réflexion « montrant la vérité cachée de l’image ou lui faisant dire tout le contraire de ce qu’elle voulait dire initialement ». Dans les dessins pour l’édition ou la presse, lignes et phrases dessinent un monde de réseaux et de circulations. L’ensemble de l’œuvre est interrogation sur l’image, détournement sémantique et poétique.

À partir de quatre albums récents, Bernadette Gervais a imaginé une installation interactive pour les très jeunes enfants : jeux, balançoire, puzzles grand formats, memory, suspensions, panneaux mobiles pour dessiner ou colorier… et dessins originaux à contempler. Avec une interrogation constante sur notre environnement – nature, saisons, objets – Bernadette Gervais invite à questionner le processus de la métamorphose. De l’œuf à la chenille, de la chenille au cocon, du cocon au… Et puis, tout est permis. On peut aussi transformer le papillon en avion.

Avec ingénuité et malice, les personnages de Mari Kanstad Johnsen aiment sentir le vent dans leurs cheveux, s’affranchir des attentes de la société ou de leur famille et explorer chaque marge du livre… L’exposition s’attache à montrer le travail préparatoire de l’artiste autour de ses personnages : croquis, études de mouvement, recherches de caractère… Les originaux, au trait au crayon de papier, montrent la naissance d’une image. Ils sont confrontés aux images finales, colorisées à l’ordinateur.

Château, zoo et chambre obscure. Autruche, singe et princesse. Balançoire, micro et vaisselier. Quel est ce film loufoque projeté sous nos yeux ? Dans quel train fantôme sommes-nous montés ? Dans quel conte à rebours sommes-nous tombés ? Décors grandioses, bestiaire VIP, objets fouinés chez les meilleurs antiquaires : Roxane Lumeret reçoit. Tenue de soirée exigée mais déambulation libre pour ce film dont vous êtes à coup sûr le héros ou l’héroïne. À votre droite, les gouaches originales de son album, Le Caramel du jurassique (Albin Michel jeunesse). À votre gauche, celles de son dernier album à paraître aux éditions La Partie : Comme une chaussette orpheline. Et en écho, six tableaux issus de ses travaux personnels. Un des univers graphiques les plus singuliers de ces dernières années, toutes pupilles décillées, à cheval entre illustration, bande dessinée et art contemporain.

Avec Marie Mirgaine, on chemine entre le conte et le cirque, le rire et la peur, l’harmonie et le grinçant, la retenue et le lâcher-prise… L’exposition « Formes vives » propose de découvrir les originaux de trois de ses albums : Dix de plus, dix de moins ; Mais où est-elle ?; et Kiki en promenade. À côté de son œuvre jeunesse, personnages et paysages se déploieront en toute liberté et abstraction.

Et l’histoire surgit ! Oui, mais comment ? Avance-t-elle en crabe entre texte et image ? S’impose-t-elle comme une diva ? Se faufile-t-elle subrepticement ? A-t-elle toujours été là ? Sait-elle voir dans le noir ? Et rebondir ? Et jouer ? Et vivre ? Delphine Perret nous ouvre sa fabrique : dessins à la gouache, courts textes et objets en bois – tout un travail d’installation, qui permet de penser la création d’une histoire comme un puzzle inventif entre texte et image, entre livre et volume.

À l’étage des Imprimeries Réunies, les jeux (cube, parcours de bille, labyrinthe) se mêlent de combinatoire et font naître mots et créatures. Aux Caves Bertine, racontez-vous une histoire : il était une fois une montagne, un peu plus loin, une cabane, et en chemin…

Une exposition multiforme, entre graphisme et illustration, pour découvrir l’univers foisonnant d’Henning Wagenbreth. Ses images, saturées de détails, de couleurs et de références, mêlent habilement histoire et avant-garde, rétro et futurisme. Elles investissent tous les formats, de l’affiche au timbre, et s’amusent de toutes les expérimentations. Avec, en ligne de mire, nos vies minuscules sur une planète puzzle où la place des uns et des autres est constamment questionnée.

Zaü est un artiste généreux qui traduit par son geste, sans superflu, un peu de notre rapport, sensuel, au monde que nous habitons et aux autres. Loin du souci de l’esthétisme, de la pointe de son pinceau et en soignant souvent des cadrages audacieux, il pose la trace graphique de ce qu’il voit. Zaü, c’est aussi la couleur, les couleurs, celles des pastels, gras et secs, la diversité des techniques, les couleurs de ses carnets de voyage, celles de l’humanité telle qu’il la regarde et nous la restitue, vibrante, touchante, lui qui aime tant dessiner les gens, et notamment les gens d’ailleurs.